D’après Claude Lévi-Strauss, «l’artiste tient à la fois du savant et du bricoleur puisque l’art s’insère entre la connaissance scientifique et la pensée mythique ou magique.»
Le déclic initiateur qui sert de ferment à mon œuvre est intimement lié à ce besoin profond d’exploiter la lumière, la couleur et la transparence, éléments qui font de ma sculpture d’acrylique, quelque chose de personnel et de singulier. S’il y a place au rêve dans le projet de contemplation, il y a aussi exercice éminemment scientifique et matériel, puisque fondé sur la faisabilité concrète de l’œuvre à réaliser. J’aime relever ce genre de défi. La place de la créativité dans mon travail tiendrait donc à ce double aspect : « savant » pour le rêve et « bricoleur » pour la matérialisation.
Mais il faut pour cela compter avec le temps. Car, dans son mystérieux phénomène de transition et de durée, il est un des fondements de ma démarche artistique. Depuis toujours, j’imagine et je produis. L’expérimentation, partie prenante de mon quotidien de création, traverse la mobilité du temps et trouve résolution dans l’œuvre, quand sont placés à l’intérieur du matériau d’acrylique, dans le moule, les différents éléments de fibres textiles, de minerai ou d’acrylique modelé …
Et c’est le temps qui fait de cet objet le lieu même de la stabilité et de la durée. Cependant qu’en multipliant les possibilités de regard, en proposant reflets et miroitements, le temps viendra se poser sur l’œuvre comme une nouvelle proposition d’ouverture. Né de son propre déroulement, ce temps-durée permet à ma sculpture d’exister : il fait le pont entre le projet rêvé et sa concrétisation.