RÉFLEXION PRÉALABLE ET ÉLABORATION DU CONCEPT
Le travail de création artistique a toute liberté de transformer sa source initiale d’inspiration. Ainsi, le projet d’une sculpture à être intégrée dans le puits de lumière de la station de métro Parc du quartier grec de Montréal, a pris naissance de la spécificité du mythe grec d’Icare. C’est après une fructueuse période de réflexion que l’esprit de l’œuvre a été déterminé. Et plutôt que d’accentuer la fin tragique du personnage mythique, avec Métamorphose d’Icare, j’ai choisi de faire une sculpture aérienne et colorée qui emprunte sa forme à celle d’une aile de grandes dimensions (220 cm x 110 cm x 2,5 cm). Ce sont les jeux de miroirs, disposés tout autour, qui la font s’épanouir dans l’espace comme une fleur ou un papillon.
Photo : Pierre Zabbal
L’objectif visé était de composer avec la lumière en offrant une évocation subtile de l’envol. La transparence du matériau que j’utilise permet de créer un tel effet. L’œuvre a donc été réalisée en acrylique clair et teinté avec insertions de morceaux d’acrylique opaque, de fils de soie et application de couleurs vaporisées à la surface. Afin d’en garantir la stabilité, elle a fait l’objet de recherches approfondies sur la protection des rayons ultraviolets, la résistance aux écarts de température et aux vibrations causées par le va-et-vient du métro.
RÉALISATION TECHNIQUE
Suivant le devis du dessin préparatoire, le fond et les cloisons du moule ont été taillés dans de l’acrylique en feuille. Chacune de ces parties a été fixée aux autres de façon parfaitement étanche.
Photos : Yves Lacombe
Dans la plus grande des sections du moule, sur une première couche de pâte durcie, j’ai placé des petits losanges d’acrylique opaque prolongés par des fils de soie. Orientées dans tous les sens, ces insertions visaient à créer un effet de plumes dans la grande aile associée au personnage mythique.
Pour que le mélange de l’acrylique (polyméthacrylate de méthyle) épaississe progressivement, il a fallu le calculer dans des proportions bien précises. Après avoir choisi les couleurs parmi les nombreux tests que j’ai faits auparavant, la coulée a pu être effectuée dans les sections du moule qui représentent l’ascension d’Icare.
Photos : Yves Lacombe
Cette étape de la réalisation terminée, c’est la cuisson de l’œuvre dans un autoclave construit spécialement pour ce projet. Appuyée par une équipe professionnelle d’ingénieurs et de techniciens, au département des matériaux composites (Pavillon Germain-Bélanger), affilié au Cégep de Saint-Jérôme (Québec), j’ai assisté à la mise au four et à la fermeture de celui-ci. Une très lente cuisson à basse température, mais à forte pression d’azote, a permis la polymérisation de la matière et sa transformation de l’opacité à la transparence.
Photos : Yves Lacombe
Afin de lui rendre éclat et brillance, la pièce d’acrylique, sortie de l’autoclave, a été planée, sablée à l’eau et soigneusement polie.
Photos : Yves Lacombe
Une dernière étape restait à faire : l’application des couleurs à la surface de l’œuvre. Il a fallu tout d’abord tracer les formes de mon dessin, puis appliquer les frisquettes autocollantes sur la plaque, pour vaporiser les couleurs les unes à la suite des autres.
Photos : Yves Lacombe
Par un système d’ancrage sophistiqué, l’œuvre a finalement été accrochée dans le puits de lumière de la station de métro Parc, à Montréal. Avec l’aboutissement du projet, ce grand défi a été relevé!
Photo : Robert David Photo : Robert David Photo : STM
Depuis 1987, la sculpture Métamorphose d’Icare est suspendue dans l’espace, à près de 12 mètres de hauteur, et emprunte, par ses dégradés de couleurs, les jeux de l’arc-en-ciel. En 2012, dans le cadre du programme d’entretien et de restauration des œuvres d’art du métro de Montréal, le Centre de conservation du Québec a procédé au nettoyage de la sculpture et des miroirs du puits de lumière.