TABLEAU D’HONNEUR EN HOMMAGE AUX TRAVAILLEURS
L’espace prévu pour son installation étant relativement étroit, l’œuvre prendra la forme d’une murale avec des parties en saillie, à la manière d’un bas-relief.
ÉLABORATION DU CONCEPT ET FORCE SYMBOLIQUE DU THÈME
Au début du processus, la lecture des documents de l’entreprise m’a permis de dégager le caractère particulier de S. C. Johnson et Fils Limitée, son histoire familiale, sa mission et sa philosophie. L’idée de faire référence à un arbre généalogique s’est alors imposée à moi. Ce thème iconographique prend tout son sens si on pense que l’arbre debout a ses racines plantées dans un sol fertile qui rappellent la naissance de l’entreprise dans une ville au nom prédestiné, Racine, au Wisconsin (États-Unis). Les noms des fondateurs de S. C. Johnson seront inscrits sur les racines de cet arbre.
MAQUETTE PRÉPARATOIRE
L’envergure donnée à la partie supérieure de l’arbre évoque la force des liens entre les travailleurs de l’usine. Ceux-ci seront identifiés par leurs nom, inscris en lettres dorées, sur les feuilles. L’arbre et ses feuilles seront fixés à un support de métal : un système d’aimants, derrière les feuilles, permettant de les fixer et de les retirer, au besoin, afin d’y inscrire les noms. Car les personnes à honorer n’étant pas toutes immédiatement connues, il a fallu imaginer une façon efficace de permettre l’ajout éventuel de nouvelles inscriptions.
RÉALISATION TECHNIQUE
Afin de vérifier la faisabilité de ce concept de mobilité, j’ai commencé le travail en atelier avec la réalisation des feuilles en acrylique : fabrication des moules, coulage de l’acrylique préalablement coloré dans les moules, insertion de parcelles d’acrylique sculptées et peintes; cuisson en autoclave; sablage et polissage. Après vérification, j’ai appliqué un aimant à l’endos de chaque pièce.
Fabrication des moules Exemple de feuille Vue arrière avec aimants
Pour mieux visualiser l’ensemble, j’ai agrandi à l’échelle et tracé sur un carton aux mesures réelles de l’œuvre (5 x 8 pieds), le dessin de l’arbre, du tronc, des feuilles et des racines. Le positionnement de l’arbre, légèrement décentré dans l’espace, suggère l’harmonie du nombre d’or. De la même manière, l’étagement des trois zones horizontales (terre, montagne au loin et feuillage) offre une sorte d’équilibre. L’importance donnée au tronc bien droit de cet arbre contribue au symbole de solidité et de majesté qu’on lui attribue et l’envergure donnée au feuillage, à sa générosité.
Initialement, l’arbre devait être peint sur la plaque de métal. Mais, juxtaposé aux feuilles d’acrylique, il est apparu plus judicieux de lui donner force et puissance en le réalisant, lui aussi, en relief.
Pour cette partie du travail, j’ai opté pour le bronze à cause de son caractère noble et de sa stabilité, en parfaite cohérence avec le thème de l’œuvre. L’opacité du matériau et sa teinte sombre proposent un contraste intéressant avec la transparente luminosité des feuilles colorées. Contrairement aux feuilles en acrylique, qui sont potentiellement mobiles, le tronc, les racines et les branches de l’arbre seront constitués d’éléments fixes. Pour cette étape de la production, le bronze a été réalisé par la méthode de la cire perdue. www.museedubronze.com/ancien/francais/techniqu.html
C’est dans mon atelier que j’ai travaillé, directement à la cire, cette section de l’œuvre. Seules les parties qui présentaient un relief plus important ont d’abord été sculptées en styromousse, puis recouvertes de cire chaude.
Avec patience et minutie, la cire a été délicatement modelée, pour donner l’apparence voulue.
Fixé temporairement au carton du dessin, l’arbre de cire a été ensuite acheminé à l’Atelier du bronze d’Inverness, au Québec, pour y être coulé.
www.atelierdubronze.com.
Cette partie de l’arbre en bronze montre le travail de texture pour l’écorce du bois sur le tronc et l’étalement des racines, avant que l’application des couches de patine soit terminée. Ce travail achevé, il a fallu transporter à mon atelier l’arbre, bien fixé à la plaque de métal, pour la poursuite du projet.
Ainsi, une à une, les feuilles aimantées, numérotées et, certaines, gravées aux noms des employés, ont été ajustées sur la plaque, dans les interstices laissés par les morceaux de branches. Passant du vert clair au rouge orangé, le feuillage de cet arbre étale dans l’œuvre le passage des saisons, en établissant la durée dans le temps et la pérennité de l’entreprise.
À l’étape finale de la réalisation de l’œuvre, tous les éléments ont été temporairement retirés du support de métal pour l’application de la peinture. Le choix du paysage peint au fond se veut une allusion aux collines montérégiennes et permet d’inscrire l’œuvre dans la géographie du lieu où elle est destinée. Illustré par cinq zones subtilement éclairées, le titre de l’œuvre, Les Cinq Soleils, fait référence à la mission même de S. C. Johnson et Fils Limitée et à sa responsabilité envers cinq groupes de personnes : les salariés, les consommateurs, le grand public, les pays voisins et la communauté mondiale.
La murale a été inaugurée en 2010 pour marquer les 25 ans de l’usine de Varennes et les 90 ans de la présence de S. C. Johnson et Fils Limitée au Canada. Pendant les trois années de sa réalisation, seuls les directeurs de l’usine ont été témoins de l’avancement des travaux. Le projet a en effet été tenu secret, pour que la surprise des travailleurs soit complète. Le dévoilement de l’œuvre a été un moment marquant et pour l’équipe de S. C. Johnson et Fils Limitée et pour moi, qui l’ai conçue et réalisée.
LES CINQ SOLEILS